Maison familiale au milieu d’un boisé

Maison du boisé

Date de réalisation

2011

Chargé(e) de projet

Anne-Joëlle Chamberland

Photos

André Doyon

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Client : couple trentenaire avec trois jeunes enfants, un quatrième éventuellement 

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04 TIF-MAISON DU BOISÉ (cover) Desjardins Bherer

Se déployant sur deux niveaux, le lieu surprend. Ultra-épuré, il est l’antithèse de la maison de famille telle qu’on l’imagine, « cosy » à l’excès, chargée de couleurs et d’objets. Puis on comprend la sensibilité de l’approche. À la question : Que faut-il à un enfant pour se sentir à l’aise? Le designer répond : la liberté de mouvement, qu’il concrétise par des volumes spacieux, des circulations d’une fluidité propice à de joyeuses cavalcades, l’abolition des frontières entre pièces de réception et pièces familiales.

De fait, Anne 4 ans, Marie 2 ans et Charles 8 mois ont leur place partout, jusque dans la chambre des parents qui se prolonge d’un boudoir consacré à l’heure du conte. Le salon lui-même se transforme volontiers en salle de jeux, les canapés italiens (Flexform) avec lesquels se marie sans complexe un « rocking chair » d’allaitement, pouvant supporter cabrioles et galipettes à répétition. Dès le début, il était entendu que la vie dans cette maison comporterait le minimum d’interdits et le maximum d’éclats de rire. Pour cela, mobilier et matériaux ont été choisis en fonction de la robustesse que seule procure une qualité irréprochable et de leur facilité d’entretien, l’esthétique allant de soi.

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Sous double hauteur de plafond, le salon est illuminé par une immense baie vitrée dont profite la mezzanine qui dessert les chambres.  La véritable star ici, c’est la vue sur la nature, et la subtile discrétion des couleurs, combinée aux lignes rigoureuses des bibliothèques et de la cheminée en marbre de Bianco Carrara qu’elles encadrent, s’emploie à ne pas lui faire concurrence. « Les enfants se chargent de l’animation », sourit le designer.  Quand tombe la nuit, une fois fermés les voilages à commande électrique, la baie devient un écran où se profilent par rétro-éclairage les ombres du boisé.

Malgré les pièces meublées à minima, le parti-pris monochromatique, l’uniformité des sols de Sucupira (Pianeta Legno) le décor est tout sauf minimaliste, grâce aux éléments empruntés à l’architecture classique. Revus en mode contemporain, plafonds à caissons, passages marqués par des ouvertures théâtralisées, larges moulures blanc mat soulignant les murs gris soie créent une impression non seulement d’élégance et d’harmonie mais, curieusement, de réconfort aussi.

« Des gens adorables. Ils sont enthousiastes et disponibles, ils s’aiment et pour elle comme pour lui, il n’y a pas de plus grand bonheur que la joie de vivre en famille. Après le choix du terrain, en pleine nature, le projet supposait une maison qui tienne compte précisément du bien-être des enfants.  À partir de là, Elle voulait de la couleur, Lui, un aménagement réalisé « une fois pour toutes ». Quant au style, les deux s’accordaient sur du contemporain « pas minimaliste ». Cela dit, si un designer se doit de traduire les désirs des clients, son rôle consiste aussi à bousculer leurs repères. »

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Ici et là, de furtives taches de couleur viennent jouer l’indispensable petite note dissonante, à la façon d’appogiatures sur une partition un peu trop sage. C’est le cas des fauteuils violet de la salle à manger, où les portes à rabat des vaisseliers en chêne blanc brossé (Maxalto) dissimulent un intérieur laqué tangerine.  Dans la salle d’eau, les cloisons en verre parme des WC et de la douche donnent un coup de jeune au marbre Grigio Fior di Pesco, tandis qu’une mosaïque à rayures berlingot (Bisazza) sur les retours d’armoire chahute la cuisine en bois laqué anthracite, granit et inox. Ici et là, des tableaux plaquent les accords majeurs. Qu’il s’agisse du « Totem de la spontanéité » dans la cage d’escalier, du grand panneau à techniques mixtes de la chambre des parents (les deux Stephen Spadzuk) ou encore les trois pastels sur mylar d’Élise Palardy dans le salon, leur choix est signifiant. « Ils ont quelque chose de naïf qui m’a semblé accessible à des enfants », explique Desjardins, partisan convaincu de l’art en déco : «la part du rêve et de la poésie ».

01 TIF-MAISON DU BOISÉ - Desjardins Bherer
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Si l’intérieur laisse pénétrer le paysage de toutes parts, dans la véranda le contact avec la nature est absolu. Idem pour le confort. Attenante à la cuisine, surmontée d’un plafond chauffant, garnie de moustiquaires et de stores coupe-vent transparents, lambrissée de cèdre espagnol et dallée de pierres, cette fausse rustique s’amuse aux décalages. Un mur en carreaux d’inox décuple les effets rutilants de l’espace BBQ réalisé sur mesures, les emblématiques chaises en plexi bleuté Louis Ghost (Kartell) entourent une solide table de ferme.  Du contraste brut/délicat, rugueux/lisse, massif/transparent naît une modernité exemplaire, celle dont ne se lasse pas. Tel que spécifié, la maison est appelée à vivre de très longues années. Il en va ainsi du bonheur qu’elle abrite.